Mieux produire et mieux échanger

20/03/2018

Les données peuvent nous permettre de nous organiser pour préserver nos ressources naturelles. Hydrocarbures, eau potable, stocks piscicoles, zones forestières, notre économie repose sur l’exploitation de nombreuses ressources naturelles. Qu’elles soient renouvelables ou fossiles, la croissance économique accroît la pression sur leur extraction et fait craindre leur épuisement à moyen terme. Pour faire face à cette menace et sécuriser notre niveau de vie sur le long terme, une seule solution, mieux consommer et mieux produire. L’objectif ? Adopter des comportements plus sobres en ressources naturelles grâce à l’écoconception des produits, la lutte contre l’obsolescence programmée ou l’incitation du consommateur au réemploi et à la réparation.

L’économie circulaire est une condition nécessaire pour préserver les ressources naturelles. C’est par ce terme qu’on désigne le mouvement qui tente de réorganiser notre structure économique pour passer d’un modèle linéaire de production-consommation-destruction à un modèle circulaire. Le modèle de l’économie circulaire ne fait, en théorie, que des gagnants. Gains pour les entreprises qui vendent et achètent de la matière secondaire, gains pour les consommateurs qui optimisent l’utilisation de leurs produits et gains pour la planète grâce au relâchement de la pression sur les ressources naturelles. Un problème cependant, ce système demande une excellente circulation de l’information entre les différents acteurs et une bonne coordination de leurs actions. Comment évaluer l’impact environnemental de l’utilisation d’un matériau plutôt que d’un autre ? Comment connaître les matières secondaires disponibles dans sa région ? Comment identifier les modes de valorisation de ses appareils défectueux ? L’enjeu est, à chaque fois, de faire tomber les barrières informationnelles et organisationnelles entre les différents acteurs de l’économie circulaire.

La donnée est une ressource essentielle et inépuisable pour l’économie circulaire. Elle répond en effet aux deux problèmes principaux du circularity gap – un concept forgé par le think tank Circle Economy qui évalue le chemin à parcourir pour atteindre une organisation circulaire. Dans tous les secteurs de l’économie, les enjeux sont les mêmes, informer les acteurs et coordonner leurs actions.
Dans un contexte de Big Data, la donnée est partout. Charge à nous de transformer cette matière brute en information et d’en faire un outil pour l’économie circulaire. Un service collaboratif et public de la donnée est nécessaire pour éclairer les acteurs sur leurs possibilités d’action. Pour comprendre ce besoin, il faut envisager notre organisation économique comme un puzzle éclaté. Chacun maîtrise un petit bout de la chaîne de valeur et possède l’information qui lui est associée. Si l’on prend le temps d’assembler l’ensemble des pièces, on dispose d’un panorama complet, indispensable à l’organisation d’un système circulaire. Quels sont les matériaux utilisés ? Par qui ? Et lesquels sont rejetés sans être valorisés ? Intéresseraient-ils d’autres acteurs ? Pour répondre à toutes ces questions, une base d’information nationale est nécessaire. Elle pourrait être renseignée de manière collaborative par les acteurs désireux de s’engager dans l’économie circulaire et maintenue par un acteur centralisé dans le cadre d’une mission de service public.
Au-delà de l’information, la coordination des acteurs dans le temps et l’espace est indispensable. Cela permet de s’assurer que l’échange ait lieu au bon moment et au bon endroit. Pour cela, les plateformes numériques et les outils d’analyse prédictive peuvent se révéler utiles. Ils permettent non seulement de mettre en relation les différents producteurs et consommateurs mais également d’anticiper les besoins et ressources à court et moyen terme. En effet, le manque de prédictibilité est un obstacle aux échanges de matières secondaires. Mais en imaginant qu’un algorithme puisse prédire de manière fiable leur disponibilité on peut envisager des mécanismes marchands plus fluides, qui contribueraient à démocratiser l’économie circulaire.

Le pouvoir de disruption de la data est déjà à l’œuvre. Le Bon Coin et BlablaCar sont autant d’exemples de la manière dont le numérique et les données peuvent révolutionner notre manière de produire, échanger et consommer. Qui aurait pu imaginer, il y a vingt ans de cela, que l’on pourrait un jour accéder en quelques secondes à un marché de 10 millions de personnes pour échanger de manière désintermédiée ? En dehors du gain de pouvoir d’achat associé à ces services (prix réduits, flexibilité des échanges), on peut également traduire leurs bénéfices en termes d’économies d’énergie et d’extractions de ressources évitées. En conclusion ? La donnée facilite déjà la transition vers une économie circulaire plus sobre en ressources et respectueuse de l’environnement. Ce n’est pas tout ! Elle offre des perspectives prometteuses si elle est utilisée de la bonne manière et accessible à tous.